Le Tétragramme
3 participants
Page 1 sur 1
Le Tétragramme
je vous livre ici un article d'une spécialiste de la bible et des langues anciennes qui s'y rapportent (hébreu, grec latin).
C'est un condensé de sa pensée sur le tétragramme.
Elle se nomme Yvette Mailliet Le Penven.
C'est un condensé de sa pensée sur le tétragramme.
Elle se nomme Yvette Mailliet Le Penven.
Une remarque "linguistico-théologique" à propos du tétragramme (du grec: "quatre lettres") divin יהוה - que j'utiliserai souvent tel quel, sans le traduire mais en le transcrivant YHWH, ou que je traduirai par "l'Eternel" (voir le pourquoi de cette traduction plus bas):
1. L'hébreu biblique est une langue consonantique, c'est à dire que seules les consonnes sont écrites (ce qui donne une certaine latitude - en même temps que certaines difficultés - et une grande richesse dans l'interprétation des textes; on le verra souvent au long de ce site, dans les commentaires de textes hébraïques).
2. Dans la תנכ TaNaKh (c.à.d. canon de la bible hébraique), certains mots ne peuvent être prononcés (généralement pour des raisons sémantiques = de sens, de fond, ou syntaxiques = de grammaire, de forme) tels qu'ils sont écrits ; on trouve alors pour ces mots deux leçons : le kétiv (ou kétib) qui est écrit, et le qéré qui est lu.
Les massorètes (littéralement "ceux qui transmettent"), savants juifs qui ont fixé le texte de la Bible hébraïque, ont en effet suggéré une leçon (toujours consonantique) qui leur semblait meilleure (sémantiquement ou syntaxiquement) que celle du texte; cette leçon suggérée pour la lecture orale est signalée par la lettre ק pour "qéré", alors que le "kétiv" (néanmoins gardé à l'écrit) est signalé par la lettre כ.
(Dans le texte du livre d’Isaïe de Qumrân, le 'qéré' non vocalisé du nom divin apparaît au-dessus du 'kétiv'. Ce système de notation, apparu donc assez tôt, correspond à la période précédant l’apparition de la vocalisation.)
3. Il en va ainsi du nom principal de Dieu, le tétragramme יהוה (transcrit YHWH) - non pour des raisons linguistiques, mais pour une raison théologique: on ne doit pas le prononcer (il est donc devenu un kétiv): en effet, "Si l’homme ne peut lire le tétragramme, c’est que le Mystère de l’identité de Dieu le dépasse".
Son qéré est אֲדֹנָי (transcrit et lu Adonaï – traduit textuellement: « mon Seigneur »).
Donc, dès qu'en lisant la Bible en hébreu on rencontre le tétragramme יהוה , on doit lire "Adonaï".
4. Cependant certains, ignorant ce fait, ont superposé consonnes du kétiv YHWH et voyelles du qéré Adonaï ce qui donne « YaHoWaïH -> Yahovah » d'où « Jéhovah » ou encore « Yahweh » qui sont donc des aberrations, tant au plan linguistique qu'au plan religieux...
Pourtant (sans même parler des "Témoins de Jéovah"!) on trouve le mot "Yahweh" ou "Yahvé" dans de nombreuses traductions, par ex. la Bible de Jérusalem !
5. D'autre part, on peut comparer le nom (השם « HaShèm - le Nom » est d'ailleurs une autre des façons de désigner Dieu) tétragrammique de Dieu, יהוה, au verbe היה « être » (qui n’est jamais la copule française – dans ce cas, il n’est pas exprimé en hébreu – mais qui signifie « exister », donc avec un sens très fort) dans ses différents états (l’hébreu, comme toutes les langues sémitiques, ne connaît pas de temps, mais des « états » du verbe : l’hébreu est une langue « en mouvement », « en marche » – en particulier l’hébreu biblique [/color]– ne serait-ce que parce qu’il n’est pas vocalisé dans les Sifré Torah, « rouleaux de la Torah », ce qui donne la possibilité de nombreuses exégèses).
Dans ce cas, le tétragramme peut être considéré comme la contraction en ses quatre lettres:
- de l’accompli, notre « passé » : HYH (= Il était de tout temps),
- de l’ « actuel » : HWH (= Il est aujourd'hui),
- et de l’inaccompli, notre « futur » : YHH (= Il sera de toute éternité),
du verbe « être ».
C’est pourquoi on traduit souvent יהוה par « l’Eternel », ou encore « Celui qui est, qui était et qui vient » ; et, contrairement à ce qui se trouve dans de nombreuses traductions françaises, on devrait réserver la traduction « le Seigneur » à אדן ou אדון - Adôn[/i].
Mimarie- Messages : 2425
Date d'inscription : 19/10/2013
Age : 79
Localisation : Sud
Re: Le Tétragramme
Merci Mimarie de nous avoir rapporté cette pensée.
Sais-tu s'il en est de même pour d'autres noms dans les Écritures?
Sais-tu s'il en est de même pour d'autres noms dans les Écritures?
Dusseldorf- Messages : 133
Date d'inscription : 17/10/2013
Re: Le Tétragramme
Bonjour à tous et toutes
Voila un extrait de l'interview d'André Chouraqui par Jean Mouttapa dans l'article "Le peuple Juif a-t-il inventé Dieu". On retrouve la même Idée pour IHVH " l'Etre qui a été, qui est, qui sera". Fraternellement
N. C. : Ihvh est l'autre nom qui indique l'intervention du Transcendant dans la Bible et qui s'accouple maintes lois à celui dElohim. Etonnante. cette dualité des noms qui désignent le Dieu Un...
A. C. : Il s'agit simplement de la dualité qui existe entre le nom commun et le nom propre : vous êtes un homme, c'est ce qui vous définit de façon générique, mais vous êtes aussi votre nom propre, qui vous désigne vous, personnellement, intimement, dans votre unicité. Le nom propre de l'Elohim de la Bible, le seul nom révélé directement par Lui à l'homme dans la liturgie du Buisson-Ardent, se compose de quatre lettres : Yod-hé-vav-hé, Ihvh. De même qu'Elohim dérive d'un mot qui signifie la Puissance, de même le "Tétragramme" dérive d'une racine qui a rapport à l'Etre. Lorsque Moïse demande à Elohim: "S'ils (les enfants d'Israël) demandent quel est ton nom, que leur répondrai-je ?", il lui est dit : "éhévé asher éhyév", "je serai qui je serai". On pourrait aussi bien traduire: "je serai : je serai", car la conjonction asher est la plus subtile des conjonctions. Il y a ici la répétition, à la première personne, du verbe être dans sa forme "inaccomplie". En hébreu, n'existe pas succession passé-présent-futur, mais la distinction sur un autre plan, entre l'accompli et l'inaccomplie est donc toujours "Celui qui vient", l"'Eternel", quoique le concept d'éternité tel que l'entend l'Occident soit foncièrement étranger à la pensée biblique. Disons plutôt: "l'Etre qui a été, qui est, qui sera" à chaque instant.
En un mot, la Transcendance pure.
Voila un extrait de l'interview d'André Chouraqui par Jean Mouttapa dans l'article "Le peuple Juif a-t-il inventé Dieu". On retrouve la même Idée pour IHVH " l'Etre qui a été, qui est, qui sera". Fraternellement
N. C. : Ihvh est l'autre nom qui indique l'intervention du Transcendant dans la Bible et qui s'accouple maintes lois à celui dElohim. Etonnante. cette dualité des noms qui désignent le Dieu Un...
A. C. : Il s'agit simplement de la dualité qui existe entre le nom commun et le nom propre : vous êtes un homme, c'est ce qui vous définit de façon générique, mais vous êtes aussi votre nom propre, qui vous désigne vous, personnellement, intimement, dans votre unicité. Le nom propre de l'Elohim de la Bible, le seul nom révélé directement par Lui à l'homme dans la liturgie du Buisson-Ardent, se compose de quatre lettres : Yod-hé-vav-hé, Ihvh. De même qu'Elohim dérive d'un mot qui signifie la Puissance, de même le "Tétragramme" dérive d'une racine qui a rapport à l'Etre. Lorsque Moïse demande à Elohim: "S'ils (les enfants d'Israël) demandent quel est ton nom, que leur répondrai-je ?", il lui est dit : "éhévé asher éhyév", "je serai qui je serai". On pourrait aussi bien traduire: "je serai : je serai", car la conjonction asher est la plus subtile des conjonctions. Il y a ici la répétition, à la première personne, du verbe être dans sa forme "inaccomplie". En hébreu, n'existe pas succession passé-présent-futur, mais la distinction sur un autre plan, entre l'accompli et l'inaccomplie est donc toujours "Celui qui vient", l"'Eternel", quoique le concept d'éternité tel que l'entend l'Occident soit foncièrement étranger à la pensée biblique. Disons plutôt: "l'Etre qui a été, qui est, qui sera" à chaque instant.
En un mot, la Transcendance pure.
barouk- Messages : 175
Date d'inscription : 03/01/2015
Localisation : France
Re: Le Tétragramme
►
►Barouk, merci pour ce complément d'information sur le tétragramme, " j'adhère" comme pourrait dire Mr Chouraqui...
au plaisir de vous lire chacun et chacune
je ne sais pas Dusseldorf. j'ai questionné l'auteur du texte , si j'ai une réponse je te la communique !Düsseldorf : Sais-tu s'il en est de même pour d'autres noms dans les Écritures?
►Barouk, merci pour ce complément d'information sur le tétragramme, " j'adhère" comme pourrait dire Mr Chouraqui...
au plaisir de vous lire chacun et chacune
Mimarie- Messages : 2425
Date d'inscription : 19/10/2013
Age : 79
Localisation : Sud
Sujets similaires
» Comment se prononçait le tétragramme ?
» INRI sur le crucifix et le tétragramme
» Piste pour expliquer l'absence du tétragramme dans le NT
» INRI sur le crucifix et le tétragramme
» Piste pour expliquer l'absence du tétragramme dans le NT
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum