Deux petits rouleaux d'argent à Ketef Hinnom
Page 1 sur 1
Deux petits rouleaux d'argent à Ketef Hinnom
Le nom de Ketef Hinnom-l'épaule de Hinnom, en hébreu, désigne une nécropole antique implantée au pied de l'ancienne ville de Jérusalem.
Depuis 1979 des fouilles sur ce site ont livré un patrimoine d'une richesse exceptionnelle et d'un intérêt historique certain, notamment pour l'étude de la Bible hébraïque.
Le secteur qui s’avéra le plus intéressant était un ensemble de sept cavernes funéraires plus anciennes, creusées au pied de l’escarpement supportant l’église Saint-André, et qui remontaient à la fin de la période du Premier Temple (VIIème/VIème siècles avant J.-C.)
La plus extraordinaire de toutes les découvertes fut celle de 2 petits rouleaux d'argent.
Ils portaient de brèves inscriptions qui ressemblaient étrangement à des versets de la Bible hébraïque. Ces précieux objets sont depuis lors considérés comme les plus anciens documents connus assimilés à des extraits bibliques; ils ont contribué à affiner la compréhension de la Jérusalem antique et du contexte de l’élaboration des textes sacrés.
Ils constituent aujourd’hui les plus anciens documents connus apparentés à un contenu biblique, précédant de quatre cents ans au moins les célèbres manuscrits de la mer Morte.
- Le résultat du déchiffrement de ces 2 petits rouleaux montra qu'il s'agissait d'une variante des versets bibliques de Nombres 6:24-26, - disant : « Que Yahweh te bénisse et te garde. Que Yahweh fasse briller sa face sur toi et qu’il t’accorde sa grâce. Que Yahweh tourne sa face vers toi et te donne la paix ».
Le premier rouleau comprenait également une partie du verset 9 de Deutéronome 7 : « Sache donc que seul Yahweh ton Dieu est Dieu, le Dieu fidèle qui garde son alliance fidèlement à la millième génération de ceux qui l’aiment et gardent ses commandements ».
- Les caractères étaient incisés sur les feuillets en traits aussi fins que des cheveux, tracés sans doute avec l’aide d’un outil pointu. Il s’agissait d’une forme ancienne de l’écriture hébraïque, le paléo-hébreu, antérieur à l’hébreu carré apparu plus tard. La première feuille d’argent (Ketef Hinnom I), longue de dix centimètres et large de trois, comportait dix-huit lignes de cinq à sept caractères chacune. La seconde (Ketef Hinnom II), plus détériorée, mesurait quatre centimètres sur un et comportait seulement douze lignes de texte préservées.
En examinant les feuillets dépliés, Gabriel Barkay (archéologue) eut pourtant la chance de reconnaître parmi les caractères une association de lettres bien connue : YHWH, c’est-à-dire le tétragramme qui exprimait le nom du dieu des Hébreux, Yahweh.
Ces inscriptions revêtaient-elles un caractère sacré ? Constatant que le nom divin apparaissait trois fois sur le même feuillet, la paléographe Ada Yardeni, qui les étudia, fit part de cette répétition à un religieux juif. Celui-ci se souvint alors d’un court extrait de la Bible qui contenait lui aussi la triple occurrence du nom de Yahweh : la "bénédiction sacerdotale", une formule utilisée dans le rituel israélite (Nombres 6, 24-26). En comparant le contenu des feuillets d’argent à ces versets de la Torah, la spécialiste s’aperçut à sa grande surprise que le rapprochement fonctionnait. Dès lors, en suivant ce fil conducteur, les rouleaux d’argent purent
être entièrement déchiffrés !
- Cependant l’âge des deux feuillets d’argent restait à préciser.
En s’appuyant sur la forme des lettres incisées et sur le reste du contenu de la tombe, les chercheurs les datèrent de la fin du VIIème siècle avant J.-C. Ces résultats, en 1989, suscitèrent quelques doutes chez d’autres érudits et provoqua un débat sur l’ancienneté des rouleaux. Mais l’apparition de technologies plus modernes permit entretemps de procéder à de nouvelles investigations. En collaboration avec l’équipe californienne du West Semitic Research Project, une étude approfondie de la forme des lettres faisant appel à des techniques de pointe en imagerie et en traitement numérique confirma l’ancienneté des rouleaux.
Et là revint encore la controverse sur l’âge de la composition de la Bible :
(au passage, je trouve peu convaincant d’essayer de rapprocher l'age de ces petits rouleaux avec la même période envisageable pour le début de la rédaction de la bible)
je n'ai pas réussi à faire plus court,
Mimarie
Depuis 1979 des fouilles sur ce site ont livré un patrimoine d'une richesse exceptionnelle et d'un intérêt historique certain, notamment pour l'étude de la Bible hébraïque.
Le secteur qui s’avéra le plus intéressant était un ensemble de sept cavernes funéraires plus anciennes, creusées au pied de l’escarpement supportant l’église Saint-André, et qui remontaient à la fin de la période du Premier Temple (VIIème/VIème siècles avant J.-C.)
La plus extraordinaire de toutes les découvertes fut celle de 2 petits rouleaux d'argent.
Ils portaient de brèves inscriptions qui ressemblaient étrangement à des versets de la Bible hébraïque. Ces précieux objets sont depuis lors considérés comme les plus anciens documents connus assimilés à des extraits bibliques; ils ont contribué à affiner la compréhension de la Jérusalem antique et du contexte de l’élaboration des textes sacrés.
Ils constituent aujourd’hui les plus anciens documents connus apparentés à un contenu biblique, précédant de quatre cents ans au moins les célèbres manuscrits de la mer Morte.
- Le résultat du déchiffrement de ces 2 petits rouleaux montra qu'il s'agissait d'une variante des versets bibliques de Nombres 6:24-26, - disant : « Que Yahweh te bénisse et te garde. Que Yahweh fasse briller sa face sur toi et qu’il t’accorde sa grâce. Que Yahweh tourne sa face vers toi et te donne la paix ».
Le premier rouleau comprenait également une partie du verset 9 de Deutéronome 7 : « Sache donc que seul Yahweh ton Dieu est Dieu, le Dieu fidèle qui garde son alliance fidèlement à la millième génération de ceux qui l’aiment et gardent ses commandements ».
- Les caractères étaient incisés sur les feuillets en traits aussi fins que des cheveux, tracés sans doute avec l’aide d’un outil pointu. Il s’agissait d’une forme ancienne de l’écriture hébraïque, le paléo-hébreu, antérieur à l’hébreu carré apparu plus tard. La première feuille d’argent (Ketef Hinnom I), longue de dix centimètres et large de trois, comportait dix-huit lignes de cinq à sept caractères chacune. La seconde (Ketef Hinnom II), plus détériorée, mesurait quatre centimètres sur un et comportait seulement douze lignes de texte préservées.
En examinant les feuillets dépliés, Gabriel Barkay (archéologue) eut pourtant la chance de reconnaître parmi les caractères une association de lettres bien connue : YHWH, c’est-à-dire le tétragramme qui exprimait le nom du dieu des Hébreux, Yahweh.
Ces inscriptions revêtaient-elles un caractère sacré ? Constatant que le nom divin apparaissait trois fois sur le même feuillet, la paléographe Ada Yardeni, qui les étudia, fit part de cette répétition à un religieux juif. Celui-ci se souvint alors d’un court extrait de la Bible qui contenait lui aussi la triple occurrence du nom de Yahweh : la "bénédiction sacerdotale", une formule utilisée dans le rituel israélite (Nombres 6, 24-26). En comparant le contenu des feuillets d’argent à ces versets de la Torah, la spécialiste s’aperçut à sa grande surprise que le rapprochement fonctionnait. Dès lors, en suivant ce fil conducteur, les rouleaux d’argent purent
être entièrement déchiffrés !
- Cependant l’âge des deux feuillets d’argent restait à préciser.
En s’appuyant sur la forme des lettres incisées et sur le reste du contenu de la tombe, les chercheurs les datèrent de la fin du VIIème siècle avant J.-C. Ces résultats, en 1989, suscitèrent quelques doutes chez d’autres érudits et provoqua un débat sur l’ancienneté des rouleaux. Mais l’apparition de technologies plus modernes permit entretemps de procéder à de nouvelles investigations. En collaboration avec l’équipe californienne du West Semitic Research Project, une étude approfondie de la forme des lettres faisant appel à des techniques de pointe en imagerie et en traitement numérique confirma l’ancienneté des rouleaux.
Et là revint encore la controverse sur l’âge de la composition de la Bible :
(au passage, je trouve peu convaincant d’essayer de rapprocher l'age de ces petits rouleaux avec la même période envisageable pour le début de la rédaction de la bible)
- Spoiler:
Ce résultat eut des implications sur une autre grande controverse en cours, celle de l’âge de la composition de la Bible. À quelle époque les livres de la Torah furent-ils écrits ? Bien que la tradition les fasse remonter à Moïse, beaucoup de spécialistes actuels les datent des alentours du VIIème siècle avant notre ère. C’est à peu près l’âge donné aux cylindres d’argent. Certes, les deux amulettes ne prouvent pas que la Bible existait déjà en leur temps, mais elles suggèrent que la formulation de certains passages de l’Écriture avait déjà pris corps.
La question historique se comprend mieux à la lumière de quelques repères temporels. Schématiquement, selon le récit biblique, la monarchie israélite qu’auraient fondée David et Salomon, peut-être au Xème siècle avant J.-C., se scinda rapidement en deux royaumes distincts, celui d’Israël au Nord et celui de Juda au Sud. Le second subsista plus longtemps que le premier, avant de s’effondrer lors de la prise de sa capitale Jérusalem par les Néo-Babyloniens menés par Nabuchodonosor II, en 586 avant J.-C. La population fut déportée à Babylone, où elle demeura en exil jusqu’à la dislocation de l’empire néo-babylonien devant les Perses conduits par Cyrus II le
Grand, en 538 avant J.-C.
Le retour d’une partie des Juifs à Jérusalem permit à la capitale se repeupler et à un fragile gouvernement juif de se reconstituer sous la domination perse. Il fut suivi par ailleurs d’un changement d’écriture, le paléo-hébreu tendant à être remplacé par l’hébreu carré (qui n’est autre que l’écriture judéo-araméenne locale adoptée progressivement). Si les amulettes de Ketef Hinnom datent bien du VIIème siècle avant J.-C., elles sont donc antérieures à l’exil à Babylone et
à l’émergence de l’hébreu carré.
je n'ai pas réussi à faire plus court,
Mimarie
Dernière édition par Mimarie le Lun 30 Mai 2022 - 2:07, édité 4 fois
Mimarie- Messages : 2425
Date d'inscription : 19/10/2013
Age : 79
Localisation : Sud
Daniel aime ce message
Re: Deux petits rouleaux d'argent à Ketef Hinnom
A côté des deux rouleaux d’argent, une collection d’objets antiques d’une valeur inestimable fut exhumée, la plus riche jamais trouvée à Jérusalem: un trésor fabuleux datant des temps bibliques !
Ainsi, un objet qui intrigua beaucoup les archéologues était un sceau de calcaire sombre, tel que ceux utilisés pour marquer une empreinte dans de l’argile fraîche lorsqu’on scellait un document. Sa surface montrait autour de feuilles de lotus une inscription en hébreu dans la partie supérieure, et
une branche de palmier dans la partie inférieure.
Les lettres de l’inscription formaient le nom de « Palta » et étaient tracées à l’envers afin qu’elles apparaissent à l’endroit sur l’empreinte ; leur graphisme était typique du VIIe ou du VIe siècle avant notre ère.
Comme il en est souvent ainsi pour cette catégorie d’objets, le nom de Palta est sans doute une abréviation. Le nom complet devait être Pelatyah ou Pelatyahu, cette forme incluant le nom du dieu des Hébreux, Yahweh. Le plus souvent cependant, le nom composé incluait plutôt celui du père du propriétaire du sceau, ce qui n’est pas le cas ici et ce qui suggère qu’il s’agit d’un nom de famille.
- Mais le point à remarquer est que ce nom se retrouve dans l’Ancien Testament, et plus précisément dans le livre d’Ézéchiel (11, 1-13), où il est question d’un haut fonctionnaire royal nommé Pelatyah, fils de Benyah. S’agissait-il du même personnage ? Ce caveau appartenait-il à sa famille ? Avait-on affaire à quelqu’un d’autre ?
Il est difficile de le préciser...
documentation pour ces 2 messages:
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
la synthèse que je vous ai passée vient de [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
amicalement à chacun chacune
Ainsi, un objet qui intrigua beaucoup les archéologues était un sceau de calcaire sombre, tel que ceux utilisés pour marquer une empreinte dans de l’argile fraîche lorsqu’on scellait un document. Sa surface montrait autour de feuilles de lotus une inscription en hébreu dans la partie supérieure, et
une branche de palmier dans la partie inférieure.
Les lettres de l’inscription formaient le nom de « Palta » et étaient tracées à l’envers afin qu’elles apparaissent à l’endroit sur l’empreinte ; leur graphisme était typique du VIIe ou du VIe siècle avant notre ère.
Comme il en est souvent ainsi pour cette catégorie d’objets, le nom de Palta est sans doute une abréviation. Le nom complet devait être Pelatyah ou Pelatyahu, cette forme incluant le nom du dieu des Hébreux, Yahweh. Le plus souvent cependant, le nom composé incluait plutôt celui du père du propriétaire du sceau, ce qui n’est pas le cas ici et ce qui suggère qu’il s’agit d’un nom de famille.
- Mais le point à remarquer est que ce nom se retrouve dans l’Ancien Testament, et plus précisément dans le livre d’Ézéchiel (11, 1-13), où il est question d’un haut fonctionnaire royal nommé Pelatyah, fils de Benyah. S’agissait-il du même personnage ? Ce caveau appartenait-il à sa famille ? Avait-on affaire à quelqu’un d’autre ?
Il est difficile de le préciser...
documentation pour ces 2 messages:
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
la synthèse que je vous ai passée vient de [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
amicalement à chacun chacune
Mimarie- Messages : 2425
Date d'inscription : 19/10/2013
Age : 79
Localisation : Sud
Daniel aime ce message
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum