Avoir raison ou tort

Je ne sais pas si on peut dire quelque chose à quelqu'un et lui emporter la raison. Je veux dire le convaincre entièrement de notre propos, finalement n'entend t-il au final que son son de cloche, ce qu'il veut entendre. N'est-ce pas ainsi que nous entendons ce que l'autre nous dit que comme par ouï-dire, le nôtre ? Entendons-nous vraiment ce que l'autre veut nous dire ?

Y a t-il une manière de comprendre l'autre vraiment comme si nous étions lui ? Oui, en le devenant. Sinon, je suis dans le regret d'annoncer que l'on s'entendra avec l'autre qu'à la limite de notre entendement, inutile d'espérer l'entendre pour quelque chose qu'on a pas entendu soi-même, qu'on a pas encore compris.

Il faut qu'il y ait donc résonance entre son propos et le mien pour que les deux enfin se rapprochent, puissent se croiser et tomber d'accord.

Alors, qu'en Dieu, lorsque nous ne faisons qu'un avec lui, nous adoptons son point de vue car nous lui devenons semblables. A moins de devenir semblable à l'autre nous ne serons donc pas tous entièrement d'accord, nous pouvons être d'accord sur certaines idées, mais jamais nous ne comprendrons l'autre au point d'être entièrement d'accord avec lui. Mais au fond, qu'importe d'être d'accord avec lui, non ? Car l'amour, est-il être d'accord ou pas ? L'amour n'est-il pas plutôt être d'accord avec l'autre parce qu'on l'aime malgré qu'il ait tort ? L’amour n'est-il pas plus fort que la raison ou le tort ? Enfin, Dieu a t-il attendu que nous soyons d'accord avec lui pour nous aimer ?

En Christ, nous sommes acceptés comme nous sommes, au nom de notre différence. Car si nous étions tous les mêmes il n'y aurait plus rien à aimer, on serait semblable, donc plus d'utilité à aimer l'autre dans sa différence. Mais Dieu nous a fait différent afin que nous puissions entendre chez l'autre quelque chose que nous n'avons pas, quelque chose peut-être qui va nous donner un autre point de vue comme si finalement il y avait une duplication du moi, comme si je voyais de moi autre chose à partir, ou au travers, quelqu'un d'autre.

En Dieu, nous devenons semblables à lui, dans sa nature, pas dans sa personnalité, car chacun sommes différent ; et dans cette différence il y a la richesse.

Conservons donc, et gardons, cette différence car elle est richesse ; et aimons-nous non pas pour nos accords (implicites ou explicites) mais notre amour, juste ça. Ainsi Dieu nous aime, car lui il est amour.

Quand quelqu'un veut avoir raison sur l'autre c'est avoir raison contre l'autre. Aussi avoir raison sur lui lui fait remporter la victoire non seulement sur l'autre, mais aussi sur lui-même. Car que veut-il au fond en essayant à tout prix d'avoir raison sur l'autre ? C'est avoir raison sur soi, pourquoi cela ? Car vouloir absolument défendre bec et ongle son point de vue est le meilleur indice pour voir que la personne qui défend ainsi n'en est pas sûr du tout. Aussi, lorsqu'elle essaie de vous convaincre elle défend son indécision, et si vous êtes pas d'accord, vous l'enfoncez davantage dans son incertitude et son doute ; vous êtes alors pour elle un ennemi.

Alors que celui qui est sûr de son point de vue, n'a pas besoin de l'imposer aux autres, mais mieux encore, il laissera l'autre avoir son propre point de vue, se faire sa propre idée tout en lui indiquant ce que lui en pense, mais jamais sans imposer son point de vue. Il n'y a que ceux qui ne sont pas sûr d'eux qui font cela.

C'est la meilleur marque pour s'apercevoir que l'autre n'est pas sûr de lui. Car lorsque je suis sûr de moi, que vais-je essayer de faire que les autres pensent comme moi ? Cela va t-il me faire du bien, ou me conforter dans ce que je sais déjà ? Non. Je ne vais apporter mon savoir que pour l'autre, non pas pour moi. Une telle attitude vise le bien de l'autre, pas le sien ; ou le sien au travers de l'autre si vous voulez mais seulement si celui-ci s'épanouit dans sa liberté d'être.

Bien à vous.

Avoir raison, c'est dire vrai.
Libre à chacun d'écouter le vent, c'est l'Eternel qui juge.